En Martinique, et plus particulièrement à Fort-de-France, la présence des rats est nettement plus marquée que dans les communes rurales. Plusieurs facteurs expliquent cette situation, tous liés à la structure et aux caractéristiques spécifiques de l’environnement urbain qui offre des conditions plus favorables à leur survie et à leur prolifération.

 

Pourquoi les rats sont-ils plus présents dans la ville ?

Les rats sont nombreux en Martinique, mais encore plus dans la ville de Fort de France et ses alentours où leurs invasions sont un casse-tête pour la municipalité.

Les restaurateurs et riverains de Fort de France sont excédés par la présence des rats au cœur de ville. Quelques uns disent investir pour des traitements de dératisation dans leur établissement, tout en restant dépassé par le phénomène.

Certains éléments peuvent expliquer pourquoi les milieux urbains sont plus propices à la présence de rats :

  1. Abondance de nourriture

Les villes offrent une quantité importante de nourriture accessible aux rats, principalement sous forme de déchets humains. A Fort de France, les poubelles non sécurisées, les restes de nourriture dans les rues, les marchés et les entreprises alimentaires fournissent aux rongeurs une source de nourriture quasi illimitée. Cette disponibilité réduit leur besoin de parcourir de longues distances pour se nourrir, contrairement aux communes rurales où la nourriture est plus rare et dispersée.

  1. Accès à des abris

Les environnements urbains offrent de nombreux endroits où les rats peuvent se réfugier, construire leurs nids et se reproduire. Les égouts, les sous-sols, les bâtiments abandonnés, les canalisations et les structures endommagées ou mal entretenues sont autant de refuges potentiels pour les rats. La densité de bâtiments et d’infrastructures de la ville favorise leur multiplication, car ils y trouvent facilement un endroit pour se cacher et échapper à leurs prédateurs.

  1. Chaleur et conditions climatiques

La ville de Fort de France a un microclimat où la température est souvent plus élevée que dans les zones rurales, notamment à cause de sa situation sur le littoral où elle bénéficie d’une durée d’ensoleillement supérieure et la densité des infrastructures (effet d’îlot de chaleur urbain). Cette chaleur constante permet aux rats de se reproduire tout au long de l’année, contrairement aux zones rurales où le fraicheur peut ralentir leur reproduction ou causer une mortalité plus élevée.

  1. Densité de population humaine

Les villes concentrent une grande densité de population humaine, ce qui engendre une production plus importante de déchets organiques, augmentant ainsi les ressources alimentaires disponibles pour les rats. De plus, avec plus de personnes vivant dans des espaces restreints, il est plus difficile de gérer efficacement les déchets et d’assurer une propreté constante. Cette accumulation d’ordures profite aux rats en accentuant leur prolifération.

  1. Moins de prédateurs naturels

Dans les zones rurales, les rats peuvent être chassés par des prédateurs naturels comme des serpents, des mangoustes, des oiseaux. En ville, ces prédateurs sont beaucoup moins présents, ce qui permet aux populations de rats de prospérer sans être freinées par la prédation.

  1. Proximité humaine et manque de gestion des déchets

L’activité humaine intensive dans les villes peut souvent entraîner une mauvaise gestion des infrastructures de déchets et des systèmes d’assainissement. Lorsque les déchets sont mal collectés ou que les systèmes d’égouts sont dégradés, les rats trouvent plus facilement de quoi se nourrir et s’abriter. Le manque de contrôle rigoureux des rongeurs contribue aussi à leur prolifération dans les milieux urbains. Fin 2021, le phénomène s’est d’ailleurs accentué  à Fort de France, à la suite des émeutes urbaines, où beaucoup de bacs à ordures ont été détruits.

  1. Reproduction rapide

Les rats ont une capacité de reproduction très élevée. Une femelle peut avoir jusqu’à 6 portées par an, avec une moyenne de 6 à 12 petits par portée. En milieu urbain, avec l’abondance de ressources alimentaires et d’abris, les rats ont peu de limitations naturelles à leur reproduction, ce qui fait croître leur population de manière exponentielle. La montée des eaux usées en saison cyclonique favorise aussi leur prolifération et ils seraient encore plus nombreux actuellement.

  1. Transport et mouvement des personnes et des biens

Les infrastructures de transport urbain, comme le port, les camions de livraison et autres moyens de déplacement, facilitent la propagation des rats en ville. La zone portuaire, par exemple, est le plus grand foyer des rats, car ils arrivent en bateau et trouvent des conditions favorables pour s’établir en ville.

  1. Comportements inappropriés

Certains professionnels des métiers de bouche ignorent qu’ils ont une responsabilité spécifique dans la gestion de leurs déchets. Beaucoup ne sont pas déclarés et se débarrassent de leurs déchets n’importe où. Ceux qui ont un commerce conforme ne doivent pas systématiquement jeter leurs déchets dans la rue, ils doivent aussi penser à les trier.

Durant des périodes de grèves des éboueurs ou autres, des décharges sauvages se sont multipliées dans les rues de la ville et aux abords des habitations, ce qui a accéléré la prolifération et la reproduction des rongeurs.

Les personnes qui nourrissent les pigeons, les oiseaux , les animaux errants participent aussi à la prolifération des rats.

 Cette invasion exponentielle doit amener en urgence une campagne de dératisation pour contrôler et éliminer les populations de rongeurs nuisibles pour protéger la santé publique mais également les infrastructures pour réduire les dommages matériels causés par ces animaux.

Pourquoi faire une campagne de dératisation ?

De juin jusqu’au 13 juillet dernier, la Martinique a été le théâtre d’une vaste opération de dératisation visant à freiner la prolifération des rats noirs (Rattus rattus) et des rats gris (Rattus norvegicus). Cette action de grande ampleur, orchestrée par la Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles (FREDON), s’est déroulée en collaboration étroite avec les autorités étatiques et les collectivités locales. L’objectif principal était de limiter les effets néfastes de ces rongeurs sur la biodiversité, la santé publique, ainsi que sur l’économie locale.

  1. L’utilité des campagnes de dératisation en Martinique

Les rats représentent une menace considérable pour le territoire martiniquais. Leur prolifération affecte non seulement les cultures agricoles, mais pose également des risques sanitaires importants, notamment à travers la propagation de maladies comme la leptospirose, une infection bactérienne grave transmise par les excréments de rats. La préfecture de Martinique a mis en avant l’urgence de cette action en raison du caractère invasif de ces rongeurs, qui compromet à la fois la sécurité alimentaire et la santé des habitants, sans oublier les dommages écologiques qu’ils causent à la faune et à la flore locales.

  1. Implication des municipalités

Au niveau local, les maires et notamment celui de Fort de France sont au cœur de cette opération. Ils sont responsables de la coordination des actions de dératisation sur leur territoire, avec la possibilité de déléguer cette mission à des groupements communaux spécialisés dans la lutte contre les nuisibles. Cette approche collective permet de traiter le problème de manière homogène et à grande échelle, afin de réduire la population des rats à un seuil de nuisibilité acceptable.

  1. Une lutte collective : un rôle pour chacun

Cependant, pour que cette campagne soit réellement efficace, la participation du public est essentielle. Les autorités locales encouragent chaque citoyen à s’associer à cet effort en prenant des mesures simples mais cruciales. En effet, une gestion responsable des déchets est primordiale pour priver les rats de leurs ressources alimentaires. Il est recommandé de :

  • Fermer hermétiquement les poubelles,
  • Éviter de laisser traîner des déchets organiques,
  • Stocker correctement les aliments, en particulier dans les zones agricoles et vivrières.
  • Signaler aux autorités locales la présence de rongeurs ou d’endroits susceptibles de devenir des foyers d’infestation. Chaque geste compte pour garantir la réussite de cette campagne et pour prévenir de nouvelles vagues de prolifération.
  1. Objectifs et perspectives

L’objectif de la campagne de dératisation est de restaurer un équilibre écologique en limitant la présence des rongeurs tout en protégeant la santé publique et l’économie agricole de la Martinique. Bien que cette opération a pris fin officiellement le 13 juillet 2023, la lutte contre les rats nécessite un engagement à long terme, tant de la part des autorités que des citoyens. En effet, seule une vigilance continue et une gestion appropriée des déchets permettront de maintenir durablement les populations de rats sous contrôle.

  1. Des mesures coercitives

Face à l’ampleur de cette insalubrité, des mesures peuvent être prises. Après une phase de sensibilisation, une campagne de verbalisation peut être lancée pour sanctionner les pollueurs. Malgré les efforts de la Municipalité en matière de dératisation, il est essentiel que les citoyens adoptent un comportement responsable pour prévenir les proliférations et fassent appel à des professionnels de la dératisation pour protéger leur environnement immédiat.

 

Conclusion

Les milieux urbains offrent un écosystème idéal pour les rats en raison de la disponibilité quasi constante de nourriture, des nombreux refuges, du climat plus clément et du faible nombre de prédateurs. La forte densité humaine et les infrastructures souvent mal entretenues ajoutent également aux facteurs qui favorisent leur présence en ville. En revanche, les zones rurales sont plus dispersées, moins riches en ressources alimentaires et abritent davantage de prédateurs naturels, ce qui limite les populations de rats.

Une campagne de dératisation, soutenue par les collectivités locales et les citoyens, est une réponse nécessaire et coordonnée face à ce problème majeur. La réussite de cette lutte dépendra de la coopération entre les pouvoirs publics et la population, et de la mise en place de bonnes pratiques durables pour maintenir l’environnement sain et sécurisé.

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